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Saynètes Alerte à Stéréotypix

Clap ! « Quand je serai grand »

Cette saynète met en jeu la perception que nous avons des métiers « d’hommes » et de « femmes ». La mère d’un élève de primaire interpelle le professeur sur les ateliers faits en classe. Le professeur explique qu’il a cherché à ouvrir les perspectives des enfants à différentes professions. La mère, furieuse déclare :
– Hier, José nous dit : « quand je serai grand, je vais faire des robes… mais faire des robes…c’est pas un truc de garçon. Mais qu’est-ce que c’est que cette drôle d’idée ! ».

Clap ! « La poupée et le petit homme »

Cette saynète s’attache à mettre en évidence la façon dont les filles et les garçons sont regardés par le personnel, généralement féminin, des crèches. Plusieurs femmes travaillant en crèche commentent successivement la beauté des vêtements et de la coiffure d’une petite fille – « Là on a une petite princesse… » – et la motricité d’un petit garçon qu’elles changent – Mais regardez comme il est costaud, tu as vu la force qu’il a, c’est un vrai petit garçon qui bouge tout le temps ! ».
« La scène peut paraître caricaturale, me dit Danielle, mais elle a été proposée par des éducateurs de crèche qui participaient au groupe de travail, et plusieurs éducateurs nous ont confirmé après le tournage que c’est exactement ce qu’ils peuvent voir sur le terrain ».

Clap ! « Quand la grammaire s’en mêle ! »

Deux filles construisent un château, avant qu’un garçon ne les rejoigne. Lorsque une adulte vient les voir, une fille lui dit : « T’as vu, on est fortes ! »…. « Non, on dit, on est forts, en grammaire le masculin l’emporte sur le féminin », la reprend le garçon, soutenu par l’adulte : « Si, il a raison, parce qu’il y a un garçon parmi vous trois, on dit on est forts », mais « c’est nous qui avons tout fait et le garçon n’arrive qu’après » regrette la fille.
Cette saynète interroge sur les règles de la grammaire française qui établissent la suprématie du masculin sur le féminin. La domination du genre masculin n’est pourtant pas inscrite dans la langue française depuis les origines : initiée au XVIe siècle, elle ne s’est en effet imposée qu’à la fin du XIXe avec l’instruction obligatoire, comme le rappelle la professeure de littérature Eliane Viennot (Eliane Viennot, Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française, Donnemarie-Dontilly, éditions iXe, 2014).

Clap ! « La place est prise »

Une fille joue dans la cabane d’un jardin public, jusqu’à ce qu’un garçon arrive et s’accapare l’espace de jeu. La mère de la fille s’inquiète de l’agressivité du garçon. Elle invite sa fille à aller jouer ailleurs puis demande à la mère du garçon si elle pourrait dire à son enfant de jouer plus tranquillement. Face à la réponse de la mère du garçon, « Oh, mais ils jouent là, c’est pour ça que je viens ici, ça me permet de le lâcher un peu, il se défoule, il a besoin de ça », comment réagit la première mère… et sa fille ?
Cette saynète soulève la question du droit par la force ; elle peut être au cœur d’une riche réflexion sur l’appropriation sexuée des espaces publics et la violence.
Le visionnage de ces scènes permet ensuite d’ouvrir le dialogue grâce au cercle de parole comme de décrypter les enjeux en question selon la pédagogie du théâtre-forum. Cette méthode favorise le questionnement de chaque participant sur ses propres représentations. Il s’agit d’aider les adultes à prendre conscience des comportements stéréotypés qu’ils peuvent imposer, souvent à leur insu, à chaque individu, fille ou garçon. Après avoir fait émerger les points de vue des participants, l’animateur demande ce que raconte l’histoire, si la situation présentée semble problématique et pour qui, et quel personnage pourrait modifier l’histoire. Certaines propositions peuvent alors être jouées en théâtre-forum, et l’animateur demande quels changements peuvent être observés, afin d’avancer vers de nouvelles pratiques professionnelles et pédagogiques.